"Les potirons et les noix" Mulla Nasreddin

  • Adele et Jules
  • La Fontaine
Assis seul sous un noyer, Djeha-Hodja Nasreddin s'aérait avec, en guise d'éventail, une feuille de potiron cueillie dans le verger s'étendant à ses pieds.
- Je me demande si je ne devrais pas enlever ce turban qui me tient chaud.
Djeha-Hodja Nasreddin regarda à droite, à gauche, derrière lui, devant lui :
- Il n'y a pas âme qui vive en vue. Je peux enlever mon turban sans que quelqu'un puisse rire de ma calvitie !
Il déroula son turban et l'utilisa pour essuyer sa tête chaude ruisselante de sueur. Il posa le turban sur le sol, à côté de lui et soupira, satisfait, ventilé par la feuille de potiron.
- Je me sens bien, dit Djeha-Hodja Nasreddin. J'ai fait du bon travail dans le vignoble aujourd'hui. J'ai mérité un bon dîner. Kalima a dit qu'elle allait faire cuire le potage de poulet pour le dîner.
Il agitait de plus en plus lentement la feuille de potiron, qui s'arrêtait dès que Djeha-Hodja Nasreddin somnolait, reprenant dès qu'il s'éveillait de nouveau. Soudain, il remarqua quelque chose d'insolite.
- Vieil arbre stupide ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin en pointant un doigt accusateur au noyer qui le protégeait du soleil. C'est tout ce que tu peux produire ? Dit-il en regardant avec mépris les noix qui poussaient sur l'arbre.
- Regardez votre taille ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin aux noix. Les meilleures d'entre vous ne sont pas plus grandes que mon pouce. Prenez exemple sur votre voisin, le potiron. Sa liane est rampante et humble, mais voyez quels fruits énormes elle donne.
- Songez, dit Djeha-Hodja Nasreddin à son auditoire de noix et de potirons, que les choses auraient pu être inversées. Les énormes potirons pourraient alors se tenir fièrement sur les solides branches de ce noyer. Les petites noix pourraient s'accrocher sans peine à la liane du potiron, cette dernière pouvant même relever sa tête, si elle portait des fruits de taille raisonnable.
Une douce brise était brusquement apparue et agitait les branches au-dessus de sa tête chauve.
- Oui, oui, continua t-il, si Dieu avait créé les arbres et les lianes, pour….
Djeha-Hodja Nasreddin n'a jamais pu terminer sa phrase. Au-dessus de sa tête, il y eut un petit craquement dans les branches, comme si quelque chose traversait le feuillage. Un bruit sec retentit alors que quelque chose heurtait la tête chauve de Djeha-Hodja Nasreddin. Il hésita un court instant. Avec sa main gauche il ramassa une noix, petite sans doute, mais dure, très dure. Avec sa main droite, il frotta sa pauvre tête où un petit morceau de coquille de noix était planté. En s'excusant, Djeha-Hodja Nasreddin leva les bras au ciel, qu'il prit à témoin :
- Oh Allah ! Dit-il humblement et avec humilité. Pardonne-moi d'avoir dit que tu as eu tort d'avoir créé des potirons poussant sur des lianes volubiles et des noix poussant sur des arbres. Tu as été plus sage que moi. Supposons que cela avait été un potiron qui serait tombé de cet arbre sur ma pauvre tête !
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Tiens j'ignorais qu'il y avait une variante si longue de cette histoire; celle à partir de laquelle j'ai tiré une bédé tenait en deux paragraphes… et il n'y était question ni du turban de Nasreddin, ni de de son épouse Kalima ! 
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